Après une dure matinée passée à chiper des croûtons et dormir dans le berceau de la maison abandonnée, le chat dunkerquois s'empressa de courir, aussi rapidement que son imposante stature le permettait, au port de Dunkerque, où l'attendait probablement quelques reliefs de la pêche.
La mer semblait agitée, et tenta même de mouiller Geluc. Et comme son maître avait en matière de torture bien plus de perversion que la grande bleue à l'eau salée, Geluc avait appris que chat échaudé craint le grand bain. Aussi le matou avançait-il avec prudence sur les planches branlantes du ponton, évitant soigneusement de s'approcher de trop près du bord.
Alors qu'il regardait soigneusement où il mettait les pattes, il se rendit compte que le ciel s'assombrissait. Il leva le nez, et remarqua une ombre qui le recouvrait complètement. Il leva alors la tête, écarquilla les yeux, sentit frémir sa moustache et s'écarta vivement.
BOUM !
Un vieux volatile marin venait de s'aplatir à l'endroit où il se trouvait l'instant d'avant. Geluc s'approcha de l'oiseau, lui donna un coup de patte, puis, remarquant que la bestiole à plumes ne bougeait plus, s'en éloigna. Ce n'était pas l'oiseau bleu, et cette chose sentait mauvais. Et puis, le chat ne raffolait pas de ces fabriquants de guano ambulant. Le minou s'assit un peu plus loin, au bout de la jetée, et observa au loin le ballet des mouettes autour du bateau de pêche qui revenait du large.