[RP]Anc. chez les Van Hoedezee (demeure de Geluc)

Au campement, elle avait observé Emeraude tracer des lettres sur un morceau de parchemin, suivant les instructions de Jean-Jean. Le colosse avait voulu porter le mot pour la rançon lui même, mais n'avait aucune idée du lieu où logeaient les parents de l'enfant. La guerrière lui avait prit le parchemin des mains, sifflé son cheval et quitté le campement sans se retourné ni prononcer un seul mot. L'enlèvement de l'enfant lui plaisait de moins en moins, sans savoir pourquoi, elle trouvait cela dangereux pour leur troupe et son intuition ne la trompait que rarement.

Enored était allée voir comment il se portait, Cimabaeth s'occupait de lui à merveille. Lui ou elle ? La rouquine se rendit compte qu'elle ne s'était pas préoccupée de savoir s'il s'agissait d'une fille ou d'un garçon. A l'entrée de la ville, elle sortit de ses pensées, descendit de son cheval et cacha son abondante chevelure rousse sous la capuche de son mantel. Elle donna une tape sur la croupe de l'animal qui partit au galop s'égayer dans les champs, elle savait qu'il reviendrait lorsqu'elle aurait besoin de lui. Mais elle passerait plus facilement inaperçue à pied qu'à cheval.

La guerrière se dirigea sans peine dans les rues de la ville, à la recherche de la demeure des parents. Elle arriva devant la porte de la maison, vit deux jeunes femmes se faire face dans une échoppe de vêtements. Désireuse de ne pas attirer l'attention, elle rabattit le capuchon sur son visage. Elle s'approcha doucement de la porte de la demeure et ficha le parchemin déroulé dans le bois à l'aide d'un poignard.

Citation :

Nous avons votre enfant. Il faut payer 2 000 écus, déposés demain aux portes de la ville, si vous voulez le revoir vivant. Sinon, chaque jour nous vous déposerons un petit morceau devant votre porte...
L'un de nous vous attendra avec le bébé. Si vous prévenez les forces de police, vous ne le récupèrerez pas vivant.

La rouquine tourna les talons et rejoignit les portes de la ville, elle siffla, et n'eut pas à attendre longtemps. Son cheval la rejoint, elle grimpa sur son dos et le guida vers la plage où tous deux se lancèrent à nouveau dans une course effreinnée.

Poupoule leva les yeux et vit Kaelle. Son amie, visiblement ravie de la revoir, semblait néanmoins gênée. Cependant, la bourgeoise se leva et embrassa son amie.

Je suis bien heureuse de te revoir aussi, même si les circonstances ne sont pas particulièrement celles que j'avais espérées... Elle serra les dents et continua d'une voix ferme. J'ignore ce qui s'est vraiment passé, comment est morte ma vieille bonne et comment ma fille a disparu... Elle agita vaguement la main. Mais je ne vais pas t'embêter avec ça, tu as bien d'autres choses en tête. Notamment... un bébé, non ?

Poupoule regarda le ventre de son amie.

Poupoule... viens voir...

Au ton de la voix de Kaelle, quelque chose n'allait pas. Poupoule se leva et s'approcha. Elle vit alors un mot accroché à la porte au moyen d'un poignard :

Citation :

Nous avons votre enfant. Il faut payer 2 000 écus, déposés demain aux portes de la ville, si vous voulez le revoir vivant. Sinon, chaque jour nous vous déposerons un petit morceau devant votre porte...
L'un de nous vous attendra avec le bébé. Si vous prévenez les forces de police, vous ne le récupèrerez pas vivant.

Poupoule décrocha le parchemin d'un geste sec et le froissa de rage. Alors comme ça on avait enlevé sa fille et on voulait la faire payer. De la crépinette, qu'elle allait en faire, de ces gredins, si l'un d'entre eux s'en prenaient à sa fille. Elle hocha la tête, résolue. Elle se tourna vers Kaelle.

Ne pas prévenir la maréchaussée... Ils en ont de bonnes ! On m'a dit que mon époux était en train d'organiser des battues pour retrouver Krystel. Je doute qu'une battue reste inaperçue aux yeux des forces de police.

Elle ajouta d'une voix sourde.

2000 écus... ces gens sont des rustres. Que croient-ils ? Que l'or pousse derrière les cailloux ? Mais par Aristote, s'il faut revoir ma fille, le sacrifice en vaut la chandelle !

Kaelle se tut un moment ne sachant ce qu'elle pourrait dire pour réconforter son amie. Une lueur sauvage brillait dans les yeux de la mère blessée par l'enlèvement de son enfant. Malgré la gravité de l'instant Kaelle sourit. Cela faisait plusieurs jours que cela ne lui était pas arrivé. Grâce à ce sourire elle trouva la force et les mots pour réconforter son amie.

Ma Poupoule, s'ils écrivent ça c'est qu'elle est en vie. Il va falloir rassembler du monde pour partir à sa recherche. Je ne connais qu'un endroit où l'on pourra en trouver suffisament. Suis moi...

Sans lui laisser le temps de se rebiffer, la jeune femme conduisit son amie vers la taverne du port, qui à l'heure qu'il était serait pleine de pêcheurs assoiffés...

[Plusieurs mois plus tard, après l'enterrement de Ghislayne, les recherches et la récupération de Krystel. Après la mort et l'enterrement d'Isisz aussi, et aussi l'entrée du FUT en politique, la "fuite" de l'époux vers d'autres cieux politiques. Après une fausse couche de Poupoule qui l'a mise KO, et enfin, après l'accouchement de Kaelle. Pfiou, ça en fait, des "après"... ]

Avant de partir définitivement des Flandres, Poupoule avait deux trois choses à mettre en ordre. Elle déposa donc chez elle une lettre à l'attention de Kaelle, qu'elle ne devrait ouvrir qu'après la mort de Poupoule, puis une autre, à l'attention de Krystel, si celle-ci devait revenir un jour chez ses parents. Il y avait aussi un pli cacheté, à n'ouvrir également qu'après la mort de Poupoule. Un coffre à bijoux était posé sur la coiffeuse, ainsi qu'un coffre contenant quelques robes qui appartenaient à Poupoule.

Quand tout fut en ordre, Poupoule hocha la tête, ferma les volets et les fenêtres, puis ferma la porte à clé. Elle se dirigea ensuite vers le bureau du bourgmestre, posa la clé sur le bureau.

Puis, elle s'éloigna en direction de Tastevin.

Geluc se réveilla et s'étira délicatement, avant de faire sa toilette, qui dura près d'une heure. Puis, se sentant enfin propre, il se décida à aller faire un petit tour en ville.

Il déambulait dans les rues désertées par ce froid de canard... Son ventre se mit à gargouiller. Comme il aurait aimé manger un bon gros canard bien gras ! Mais il devait se contenter des ordures qui jonchaient le sol des rues crasseuses. Il croqua ainsi un croûton moisi, une ficelle et une pièce de monnaie (heu...).

Mais bientôt ses pas l'emmenèrent dans le quartier des artisans. Là, les rues ne décelaient aucun trésor de gastronomie, hormis l'arrière-boutique des boucheries où on pouvait manger quelques restes de jambon offerts par la maison, sauf quand le boucher malhonnête mettait de l'arsenic dans les gamelles afin d'empoisonner les chats du quartier. Mais heureusement, Geluc le chat savant connaissait les bonnes adresses. Ainsi, il mangea une généreuse tranche de pâté au Cochon Rieur, qui le gava si bien qu'il se décida à trouver un coin pour faire une sieste digestive. Il repensa à une maison abandonnée, à quelques pas de là. Aussi y fila-t-il, plus rapide que l'éclair.

La maison était abandonnée, mais fermée à clé. Qu'importe ! Il y avait un trou dans le toit, qui permettait aux hirondelles de nicher dans le grenier, au printemps. Notre chat monte-en-l'air monta sur le toit, se glissa péniblement dans le trou et tomba dans un panier à linge vide, qui se renversa et l'obligea à exécuter la manœuvre du rouler-bouler en milieu hostile. L'habile squatteur des temps moyenâgeux se releva, donna un vigoureux coup de patte à la porte du grenier qui s'ouvrit (il faut dire qu'elle avait été poussée mais non fermée) et descendit à la recherche d'un coin où poser sa délicate carcasse. Et, chose inouïe, il trouva un coin plus que décent où piquer un roupillon : un berceau. Il y sauta, se mit en boule et ferma les yeux, avant de ronfler comme un sonneur.

Geluc venait de s'installer chez les Van Hoedezee. Et pour rien au monde il n'aurait voulu habiter un endroit plus agréable. A part, peut-être, un château, auprès d'une maîtresse qui le gaverait et grâce à qui il deviendrait aussi gros qu'Achille le Second, le chat de la grange aux mille soupirs.